samedi 2 juin 2012

Les repas. Une thématique qui m'a vraiment obsédée durant ce séjour. Notamment car j'ai écrit sur ce sujet pour mon cours d'ethnologie, mais pas que.
J'ai réalisé combien les repas étaient extrêmement importants pour moi. Ils structurent ma journée, sont un moment que j'apprécie et attends souvent avec impatience. Et surtout, un moment privilégié pour échanger avec mes amis, ma famille...

Ici, j'ai été frappée dès les premiers jours de la façon dont mes colocs préparaient leur déjeuner : d'abord par le fait que chacun se faisait des sandwichs ou des trucs rapides à manger. Je m'attendais à cela de la part d'Allie car j'avais expérimenté le lunch américain où chacun pioche dans le frigo... Mais je ne m'attendais pas au fait que les autres feraient de même... Quand Allie se nourrit de "oat meal" (avoine) et de tartines de peanut butter (beurre de cacahouètes), Mike va s'acheter un sandwich à Subway et David se fait chauffer une pizza ou des nouilles chinoises... Etrange pour moi, Française qui ai l'habitude d'un repas chaud ou de salades. Etonnée que personne ne cuisine vraiment, à part Antonia. Mais soit, chacun reproduit des habitudes alimentaires liées à sa culture, à ses habitudes..



 


Ensuite, j'ai été étonnée que chacun mange seul, souvent dans sa chambre. Résultat : j'ai maintenant l'habitude de manger à mon bureau, devant "le Petit Journal". Une habitude qui m'attristait au début mais qui est maintenant un des moments préférés de la journée. 
Je n'ai jamais été habituée à manger seule. Quand j'étais petite, j'allais chez ma nourrice puis à la cantine. Même à Paris, je mange systématiquement avec mes amies du CELSA ou avec mes collègues lorsque je suis en stage. Ici, tout le monde mange seul. Ce n'est pas vraiment l'idée que je me faisais de la colocation mais nos rythmes et nos choix alimentaires font que c'est le système le plus pratique pour tous.


Le plus dur a été le repas du soir. D'abord à cause de l'horaire. La cantine ouvre de 17h30 à 19h30 et mes colocs ont pris l'habitude d'aller manger à 18h30. Apparemment, 18h30 leur convient et l'argument pour y aller aussi tôt est le manque de choix passé 18h30. Certes, mais c'est incroyablement tôt pour moi... C'est à peine l'heure à laquelle je rentre chez moi habituellement... Alors davantage que l'heure du dîner, ce serait l'heure du goûter. J'ai bien essayé de négocier pour y aller plus tard car même après 4 mois, je ne m'y suis toujours pas habituée mais je ne peux rien leur imposer...  Je me plie donc à cet horaire, avec difficulté. Et quelquefois, je vais manger seule, à 19h15 ! Oh joie de l'estomac ! Mais tristesse d'être seule... (Vous vous rappelez comme c'était la honte au collège quand on mangeait seul ? Bon, je ne vais pas dire que c'est le même sentiment, mais quand même, ce n'est pas le plus agréable !). Mais vous allez comprendre qu'au final, cela ne me change pas beaucoup d'y aller avec mes colocs.



Autre bizarrerie : lorsqu'on mange, personne ou presque ne parle. Imaginez-vous : tous les soirs, le rituel veut qu'on aille manger tous ensemble. Qu'on s'asseye tous à la même table. Mais que chacun se concentre sur son assiette et reste muet. Atroce !!! 
Au début, j'étais très gênée et je ne comprenais vraiment pas ce comportement. Dans le cadre de mon étude ethnologique, j'ai essayé d'expliquer ce silence. David m'a alors confié qu'en Allemagne, il est très impoli de manger et de parler en même temps. Le repas est souvent très court (15 minutes) et que les gens se parlent lorsqu'ils ont terminé seulement... J'étais vraiment étonnée car je n'en savais rien. Selon lui, c'est une habitude culturelle et tous les Allemands mangent de cette façon.
Ces différences m'ont permis de comprendre combien les repas sont importants pour moi, et je pense, pour les Français en général.
Pour moi, le dîner est un moment privilégié, pendant lequel je parle de ma journée, me confie sur ce qui a été ou pas... Un temps pendant lequel chacun partage ses soucis, ses joies. Imaginez mon désarroi quand, à mes questions, mes colocs répondaient par oui ou non. Je n'allais pas parler seule et grogner sut telle ou telle chose si personne ne se confiait en retour. Alors moi aussi, je me suis tue. Mais je déteste ça, encore aujourd'hui. Et j'ai du mal à me l'expliquer car Allie et Antonia étant issue de familles nombreuses sont habituées à beaucoup de bruit et de paroles échangées. Apparemment, ce silence ne les dérange plus maintenant.

J'ai également pu remarquer que chacun avait des habitudes alimentaires très différentes, malgré le fait qu'on mange tous à la cantine. Mike par exemple, ne boit jamais d'eau : soit des sodas, soit du lait. Et il m'a même dit ne pas se rappeler la dernière fois qu'il a bu de l'eau ! Incroyable !
David quant à lui se plaint énormément de la qualité de la viande et notamment des saucisses. Allie mange très régulièrement en dessert du "PBJ" soit "peanut butter and jam" (beurre de cacahouètes avec de la confiture). 
Finalement, Antonia et moi nous ressemblons le plus. Nous essayons au maximum de manger des légumes, de varier les plats, et nous craquons souvent sur le dessert, en nous regardant en rigolant pour savoir si l'une ou l'autre va aller en chercher...

Dans tous les cas, je peux dire que j'ai hâte de revenir en France pour retrouver des dîners plus animés et sympathiques !
Et mince, il est 18h24. Antonia va bientôt venir frapper à ma porte pour aller manger. Et comme d'habitude, je n'ai pas faim.... HELP!

PS important : Je n'écris pas ces articles pour me plaindre. Juste car j'ai envie d'être sincère et de vous raconter mon quotidien. Mais ne vous en faîtes pas, tout va très bien ! Certaines choses me manquent, et c'est le cas des repas. Mais je le vis assez bien, donc ne vous alarmez pas, d'autres choses compensent. J'essaie juste de vous faire vivre ma routine, avec ses points positifs et ses points négatifs. Si tout était rose, je ne voudrais pas revenir en France, donc soyez contents :)

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