mardi 15 mai 2012

Bientôt 3 mois que je suis arrivée, et l'envie de faire un point sur cette expérience se fait plus intense ces derniers jours.


Cette image et citation rencontrée sur Pinterest (un nouveau réseau social où l'on range ses images et dont je suis devenue accro) fait référence à ma principale motivation quant à mon départ pour Auckland. Voyager, et surtout résider à l'étranger me séduisait depuis plusieurs années. Si je n'avais pas eu le Celsa, je serais très probablement partie aux Pays-Bas avec Manon l'an dernier. Le sort en a décidé autrement, et je suis aujourd'hui un peu plus loin qu'initialement prévu. La destination comptait moins que l'apport d'un séjour loin de mes repères, de mes amis, de ma famille. Etre destabilisée, devoir tout reconstruire (habitudes, réseau d'amis), apprendre davantage l'anglais et m'immerger dans une nouvelle culture étaient autant de challenges qui m'enchantaient, sans vraiment m'effrayer. J'étais plutôt curieuse. Curieuse face à l'immensité de la tâche (quoique toute relative, je ne suis pas expatriée ou lâchée dans la nature comme d'autres backpackers) et surtout, curieuse d'être livrée à moi-même. Je voulais d'une part assouvir ma curiosité d'un lieu, d'une culture inconnus tout en me recentrant sur moi-même, pour mieux me connaître. Car vivre à l'étranger, c'est découvrir des paysages, de nouvelles personnes comme le prouvent les photos mais pas que. Aussi paradisiaques ou conviviaux les clichés puissent paraître, l'envers du décor est tout autre. Les heures passées seule, à se connecter aux réseaux sociaux, guettant l'apparition sur Skype d'un proche, ou le rafraichissement compulsif de sa boite e-mails en attendant des nouvelles de quelqu'un. Ce quelqu'un pouvant être n'importe quel proche, du moment que quelqu'un pense à soi ! 
Cet article n'est en rien une volonté d'assombrir le tableau, ou de vous mettre la larme à l'oeil. Il est évident que lorsqu'on est loin, les coups de blues sont légion. Personne n'y déroge, même chez soi, bien entouré ! Toutefois, les moments de doute, de solitude intense sont décuplés du fait de l'éloignement. Je ne retrouve pas le soir, un amoureux ou une coloc qui me connaissent depuis des années. Moi qui suis plutôt ouverte et hyper expressive à l'accoutumée, j'ai tendance à m'enfermer, seule, dans ma chambre, accrochée à mon ordinateur. C'est fou comme Internet est addictif lorsqu'on est loin de chez soi. Il est mon lien à la France, via e-mails, Skype, Twitter et autres statuts Facebook. Mais ça peut également être un gouffre, une manière de déprimer encore plus, de midi à 17h, lorsque tout le monde dort de l'autre côté de l'écran. Je me suis vue actualiser des dizaines de fois mes messageries, machinalement, tout en sachant qu'à 3h du mat, personne n'allait m'écrire ! Et également, ces moments où je déprime et reçois des commentaires mi-taquins mi-jaloux (et c'est compréhensible) sur mes photos : "Wow, la chance !" ou "Ah bah pas trop dure la vie". C'est certain, la Nouvelle-Zélande est un pays fantastique, et j'invite tout le monde à venir le découvrir, même s'il est l'un des plus lointains. Je n'ai découvert qu'une partie de ses richesses mais je suis déjà complètement sous le charme, de son environnement comme de ses habitants. Mais là n'est pas le sujet : qu'on soit à Tombouctou ou à Auckland, le mal du pays, la solitude se ressentent également. Et l'on se dit que malgré toutes ses découvertes, le prix à payer peut être difficile de temps en temps.
Comme pour toute chose, le débuts ont été idéaux : un nouvel environnement, des dizaines de rencontres tellement exotiques, des éclats de rire, des fêtes, des anecdotes, de la curiosité. Les petits coups de blues du départ étaient dus à la perte de repères. Mais après quelques mois, ils sont devenus tout autre. Je me suis construite un nouveau quotidien, un groupe d'amis. Ca paraît logique et rassurant. Toutefois, je ne m'y attendais pas. J'étais là pour me surprendre, pour découvrir, pour m'étonner. Mais non, une routine m'a rattrapée, et cette routine ne m'a pas vraiment plu. Les habitudes alimentaires ont commencer à me peser, les rapports avec mes colocataires sont devenus plus froids, chacun stressé par ses examens... Je me suis rendue compte de l'envers du décor : mon groupe d'amis n'est que temporaire. Et peut-on parler d'amis ? Ce sont des gens avec qui je fais la fête, je rigole, je me déguise, je trinque. Mais pas de ceux à qui j'ai envie de me confier, car au fond, me connaissent-ils vraiment ? Mes vrais amis eux, sont affairés dans leur vrai quotidien. Dont je ne fais temporairement pas partie. L'I-Phone muet y fait d'ailleurs référence. 

Alors oui, cet article est un peu une déclaration d'amour à vous, mes proches, amis, familles ou même connaissances, qui rythmez ma vie. Une vie à 200.000 à l'heure, où on me faisait toujours la réflexion que j'avais un agenda de ministre et que j'avais l'air fatigué. Ce quotidien effréné, je l'ai mis entre parenthèses depuis 3 mois. Cela m'a fait un bien fou, notamment au début. Me retrouver seule, ne pas regarder mon agenda toutes les heures, avoir moins d'engagements m'a fait du bien. Pour autant, ce quotidien commence à me manquer. La Marion hyper active, aux 10.000 projets et rendez-vous s'est effacée pour laisser place à une Marion plus renfermée, notamment à cause de mon urticaire, il ne faut pas mentir. J'ai eu l'impression de me faner ces dernières semaines, de garder pour moi tous mes sentiments négatifs. Toutefois, ne vous trompez pas : mon séjour ici est extraordinaire. Dans les deux sens du terme : magique, et hors de l'ordinaire. Mais les joies peuvent être aussi fortes que les peines. Les sentiments font souvent le grand 8. Et comme pour tout, les bas sont nécessaires pour apprécier davantage les hauts. La semaine dernière était un vrai gros bas. Un bas qui m'a fait pleurer sans raison claire. Parce que j'étais triste, déprimée par mon quotidien, par mon urticaire. L'un est temporaire et ne tient qu'à moi, le second est malheureusement beaucoup moins adaptable et à la fois plus profond. Il va falloir que j'apprenne à vivre avec ce corps, ce visage quelquefois déformés, gonflés, rougis. Des solutions existent, je le sais et ma mère est la première à vouloir les trouver (que ferais-je sans elle ? Sincèrement, je me demande. Elle remue terre et ciel, vous n'imaginez pas). A moi de patienter et de me battre en même temps : être plus forte psychologiquement, dépasser la fatigue morale et physique pour aller de l'avant.
Au final, cette semaine laborieuse m'a aidé à me poser davantage de questions sur moi, sur ma vie, sur mes choix futures. C'était dur, et je sais que j'ai inquiété mes proches. J'en suis désolée. Mais ce que je sais, c'est que ces bas, je vais en vivre encore quelques-uns avant l'arrivée de Flo. Et ses bas, je les aime, car ce sont eux qui vont me permettre de revenir plus riche de ce séjour. Ce n'est pas ça que je cherchais ?


4 commentaires:

  1. la difficulté est comme la glace, et la victoire est comme l'eau : plus la glace est épaisse, plus elle donne de l'eau en abondance quand on parvient à la faire fondre où à la transpercer.
    Plus haut l'arbre grandit, plus profondes sont ces racines.
    tiré du livre"Quand la fleur se fane, où s'en va son parfum"Grazyna Perl

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    1. Michèle Fichet, philosophe/psychiatre à ses heures perdues :)

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  2. Tu viens de décrire exactement ce que j'ai du mal à faire comprendre à mes proches :) Vivre à l'étranger, c'est une expérience géniale. Mais parfois on vit autant des moments de peines que de moments merveilleux. Mais ces peines, en soit ne sont pas si mauvaises, au contraire elles sont même essentielles pour qu'on ressorte plus riche de cette expérience...

    Je suis avec attention ton blog depuis le début, et mon dieu que je m'identifie à toi par moment ! En tout cas, il est passionnant, rempli de photos magnifiques, et chaque minute passée sur ce blog est une minute d'exotisme pour moi, car voir des photos si lumineuses et des paysage paradisiaques fait un bien fou quand on vit en Angleterre et qu'il pleut depuis une semaine sans interruption.
    Mais c'est ce qui fait le charme du pays :)

    Je ne sais pas quand tu rentres en France, moi dans un mois et quelques jours. C'est un peu le bazar dans ma tête, je suis contente de rentrer mais très triste à l'idée de tourner la page sur cette petite vie anglaise et de me dire que je ne vais plus revoir certaines personnes.

    En attendant je te souhaite plein de bonnes choses et ne désespère par pour ton urticaire... A Bientôt !

    Morgane S.

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    1. Oh, merci pour ce long commentaire Morgane ! Je me suis rendue compte ces derniers jours que même mes meilleures amies ne lisaient pas mon blog, alors je commençais à me demander, "mais qui alors ?"... Cela fait du bien de savoir que tu en fais partie.

      Partir 1 an est très différent de 6 mois je pense. On en a parlé avec des amis, mais moi je suis partie dans une optique d'une période temporaire et finalement, c'est passé assez vite. Pour autant, je te comprends. Mettre fin à une telle aventure et revenir à son quotidien n'est pas facile. Partir 1 an c'est vraiment se couper de tout le monde et s'en construire un nouveau, et revenir à l'ancien n'est pas aisé. Il te manquera sûrement ce petit qqchose en rentrant, cette envie de repartir, mais tu en auras encore l'occasion... Le monde actuel nous donne tellement d'opportunités, notamment pour les stages et les emplois. Alors ne t'angoisse pas, vis tout ce que tu peux, et si tu le veux, tu vas pouvoir revoir tes amis. J'imagine que la plupart sont européens ? Il faut se rendre compte de la chance qu'on a, d'être si proches les uns des autres. Les Kiwis me le font toujours remarquer, ils sont si isolés ! De mon côté, c'est presque certains que je ne les reverrai pas : USA, Canada, NZ... Une de mes amies a fait son échange aux Pays-Bas et elle revoit ses amis tous les 6 mois dans une capitale européenne différente ! C'est tellement chouette je trouve !

      Je reviens en France le 19 juillet. J'espère que l'on pourra se voir pour parler de nos expériences.
      Encore merci pour ton message

      Bisous

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